Les Editions de la Lettre libre - Divination poétique

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Les nouveaux protocoles


Les renégats nouveaux, le 04/02/2012

- Recyclage invisible des chefs -

 

Ces garçons de café sont les obligeants bas de l'Etat. Il s'en rencontre, par les temps qui courent, de plus en plus, petits messeigneurs dans leurs comtés - non, dans leurs clos faméliques de province - primaires actifs, sanguins en chaleur larvée, versatiles mouffettes continûment grognonnes, qui s'imaginent devoir s'acquitter de leurs obligations à l'égard du Prince, mais alors avec une effusion brute particulièrement délicieuse. Pour qui se prennent-ils ? Ils se figurent les grands officiers de l'exécution idiote, les géniaux commis de la circulaire administrative sérieusement consacrée. Ils sont les chemins tracés, la Règle raide faite humaine, les exemples d'assagis extasiés. Leurs ombres pendues à terre sont contentes de leur mesure prudente et effroyable de droiture. Ces cabots de petit calibre savent mordre jusqu'à la poussière tant que leurs maîtres leur donnent à chanter une laisse ferme et propice. Pour qui se prennent-ils? Ils ont fait le deuil provisoire de leur bonté naturelle pour celle plus cruelle -car favorable pour l'instant- d'une arrogance sifflant l'injure et le parjure. Ceux-là convoquent, assignent, soumettent, rabaissent, font prosterner comme ils se prosternent eux-mêmes. Leurs démarches se sont intronisées imperceptiblement dans les jours ordinaires et celles-ci tiennent à présent d'une posture entièrement métamorphosée. Nos chefs fonctionnent dorénavant d'une manière fuyante, déviée, rusée. Ils s'embusquent, ils affectent la faveur de vous prêter l'oreille quand vous n'obtenez jamais en réalité la faveur de vous faire entendre, pour quelque objet que ce soit et de quelque nature qui soit. Vous récrimineriez ? Vous êtes pour la peine insignifiant, délaissé, écarté, oublié..., eu égard à votre vaillance ou à votre mérite. Pour qui se prennent-ils? Ces volte-face sont purement les signes d'une lâcheté capitularde. Elles donnent droit à ce qu'à l'avenir nous n'omettions pas d'empreindre nos mémoires de la marque laissée par ceux-là qui ont jugé opportun de larguer leur profession de foi pour une perfidie certes payante, mais inavouablement infâme.


05/03/2020
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L'élixir charlatanesque 1, le 01/07/2012.

 

 

 

I

 

 

 

 

Le glas sonne lugubre... C'est une certitude, il est devenu ce devoir sacré de se défier, avec la meilleure des acuités, faite de finesse et se gardant des fioritures diminuantes, de l'envergure maline, de l'intellection médisante, parce qu'insoucieusement néfaste, qui court l'époque et qui s'accorde la largesse de professer en tout lieu des assertions aussi criminelles que des poignards d'égorgeurs gentiment posés sur le vernis sage et sans voix d'une table de salon. Pouvons-nous seulement considérer cette réalité ? En aurions-nous à tout le moins l'envie d'apercevoir les faits les plus innocents, de sentir et de découvrir les trames insignifiantes, mais néanmoins paresthésiques, qui oeuvrent à la falsification puissante de notre Pensée présente ? Sommes-nous suffisamment possédés ou parfaitement gâchés ? Tout bien considéré, apprécions-nous la trajectoire modique et maudite des idées et des choses qui s'accuse et se précise ?

 

Des sauveurs foutraques de l'Humanité - nous le disons, naufrageurs tout claironnant des Civilisations de Lumières - clament aveuglément, au milieu des douleurs et des tumultes des jours, des pays, à qui même ne voudrait pas les entendre, que la Raison qui était jusque dans les siècles durant l'endroit prometteur, une belle clairière charmante à l'éclat progressiste des Peuples, devient le principe tout à fait précaire de l'Esprit, l'entrave instable et dangereuse qui aurait enfanté, au gré de ses mauvaises grâces ou intelligences, les phénomènes destructeurs que notre espèce porte en elle-même ou connaît pour son malheur si bien mérité. Pour mieux, l'on se glause dans les cercles hauts, de la nature sottement réglée des sociétés, plus loin, de la valeur relative et mineure des vies, de la valeur d'une vie, de la valeur d'un enfant, d'une progéniture, d'une descendance, d'une famille d'ici et d'ailleurs (surtout d'ailleurs), sans ne jamais, en la matière, trouver quiconque suffisamment habité du génie qui sait pour finir d'autorité la massive et "déraisonnable" entreprise de dérationalisation du monde qui veut à ce point commencer.

 

Le dogme est d'instinct limpide: la Raison est en réalité leur Mal absolu qu'ils abominent. Mais autant, celle-ci sert leur couvert sérieux, leur boyau discret en toutes circonstances. Ceux-là vous feront admettre premièrement, avec cette charcutière et impérieuse opinion du tout évidence et du bon sens qui ne justifie guère rien, ni jamais (vous faisant singulièrement défaut, évidemment) que les causes agissantes des événements, les principes naturels fondant toute civilisation suffisante et confirmée, ont pour prétention l'universalité béate et optimiste de la rationalité exacte. Secondement, ils vous donneront à voir la force probante de la parole et des actes, de la promesse franche, celle profonde du coeur et de l'esprit, jusqu'au serment sublime qui vous confiera même l'avenir et les Hommes. Sur cette indéniable conviction, ils vous prieront abjectement par la persuasion douce ou la guerre réfléchie d'approuver leur pacte, de reconnaître les concessions réciproques, qui fixent ici et là les régimes et les polices de la planète entière. En vous laissant en même temps ignorer, dans votre idiote infusion, la nature des affadissements tragiques qui se disposent; la nature des amputations ardentes qui s'affairent; la nature des dépérissements aigus, chaque fois plus incurables qui se mettent à effet. En surabondance unanimement respectée, cette fraude à la théorie raisonnable, cette franche friponerie des Lumières contre les débiles escortes obscurantistes, ne s'avéreront, en vérité du dernier moment, que les moyens serviles d'aboutissement d'un projet de lutte haute, avec cette familière moirure garée qui sait tant dissiper les attentions les plus vives et rudes.

 

C'est bien de cela dont il est question, en effet: les ennemis de la Raison sont héréditairement ceux qui la chérissent particulièrement, au-delà du raisonnable, à peu près de façon pathologiquement morbide. Ils la connaissent parfaitement, la maîtrisent pour mieux la dominer et, où il faut la consacrer, vont jusqu'à s'attribuer en propre les semences et les fruits essentiels de l'élixir. Ces cérébraux décérébrés ne lui servent pas la cause. Ils la bravent et la désarment à petits feux continus. Ces fichus mandarins outillent les concepts et les lois intemporels à leur guise; ils sabotent les pensées absolues; ils accordéonnent les menteries transcendantes et métaphysiques. A tel point que leur jargon unique, leur système de disance compris et dirigé, leurs idiomes d'attaque et d'initiative envers la Terre et les Nations, ne se cultiveront que de la chose curieuse et obsédante du BIEN. Rien ne les captivera autant que cette matière, ce fond et les occasions de cet objet spécieusement spécial pour leurs âmes sacrées de missionnaires élus.

 

Vous les contemplerez ces chanoines honoraires des temps modernes régulièrement à l'oeuvre, et ces obsessions irrépréssibles dans leurs champs de conscience, ces hantises relevant des mêmes tourments insistant autour de cette idée forcée d'anticiper les satisfactions nécessaires, les fortunes ravies et capitales pour l'humanité dans son ensemble. Ces paladins hâbleurs et si complaisamment utopistes pour l'idéal excellent et honnête de l'espèce, entendront tout avant tout le monde, et prescriront tout mieux que tout le monde. Leur légitimité monologuée, leur permission facile et agréee, expéditive et rudimentaire, se laisseront assimiler promptement, sans grandes formalités dans ces occasions, par les citoyens coulés définitivement dans leur anéantissement anarchique et misanthrope.

 

 


01/07/2012
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L'intégrale, le 01/04/2012.

Assurément, les faits ont imposé aux esprits les plus mûrs et les plus réfléchis la certitude selon laquelle, dans l'ordre des communautés humaines habitant le nouveau monde d'aujourd'hui, une seule et unique condition se trouve absolument inéluctable au déroulement normal des contenus vitaux de l'Humanité. Cette condition est sans douleur. Cette condition est invisible. Elle est inoffensive pour qui ne sait s'en prémunir. Pour qui ne sait s'en avertir.

 

Une seule. Et pourtant, cette condition est l'Intégrale, la pleine essence essentielle du concert global des terres. Nous le certifions. Tout devient plus intelligible par elle, quand on la conçoit, quand on l'a conçue. Dans la réalité pensante, tout se parcourt et se sonde au moyen de l'examen méticuleux de ses procédés spéciaux et occultes, qui rendent moins denses et complexes les énigmes millénaires et ancestrales jusque-là jamais laissées.

 

Cette condition est un climat réglé. Elle est clause nette subordonnant tacitement l'état de toute chose. Elle est sans restriction la matrice déterminative des libres-arbitres tout entiers, libres-arbitres de n'importe quelle forme, de n'importe quel lieu et de n'importe quelle circonstance. Cette intégrale pourrait se reprendre brièvement ainsi : CAPITAL NON-ENTRAVé. Ou d'une autre façon: CAPITAL ANARCHISTE. Le Capital étant tout. L'absence de règles est alors pour ce dernier un Ordre précis.  Il se comprend comme l'ensemble des précautions, comme toutes les dispositions interdisant l'entrave à sa purulence. L'entrave est l'Adversaire qu'il faut réduire à sa merci ou concilier provisoirement. Le temps, qui sait, d'une vindicte moins onéreuse et plus confortable à venir. Et même les "désordres" deviennent encourageants. Même les chaos saccageants sont approuvés. Même les troubles ancrants sont ratifiés.

 

Le Capital n'éprouve rien. Il n'est ni plaisir, ni peine, ni goût, ni sentiment. Il n'est que son propre besoin irrépressible d'augmentation maladif en quantité, en qualité et en nombre. Il est sa propre puissance effroyable multiplicatrice, à l'infini le procréateur et la créature engendrée, dévastation et édification fatales de Nations, de frontières, de Peuples et de Légendes toujours provisoirement légitimes. Le Capital maîtrise le sort et la fin de l'Espèce. Qui le détient fait Empire. Qui le perd fait annexe de souveraineté principale. Sa Loi névralgique est la Morale; sa Loi est la Norme idéale; sa Loi est le Sens des signes, des codes et des choses en la Vie. Et le coeur de sa Loi répond des modalités toujours éphémères, nécessairement favorables à son intérêt supérieur à l'Humain, de se fructifier contre, pour, par et envers tout. 


04/04/2012
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Maintien arithmétique des Dominances, le 11/03/2012.

La guerre originelle des espèces n'a jamais eu de cesse dans le réel des tournures connues et propres aux races humaines. Compétitions sauvages ou rivalités douces. Frictions apprêtées, calculées ou chocs instinctifs. Nous sentons alors étrangement que les événements fortuits qui se donnent en spectacle, les hasards inattendus et inexpliqués qui surviennent ici et là, par les surfaces riches et complexes du monde, ne se rapportent dans les faits qu'à des combinaisons préméditées de schémas existentiels fortifiant et sauvegardant. Ces mêmes schémas obligés d'embrasser le sens de lois sérielles pluriannuelles, à intention exclusive de préserver de la décadence ou de la destruction ce que l'on a coutûme d' appeler, en usage ordinaire, l'Empire-Maître du Soleil tombant, et ce, sur la largeur de tous les continents. Car voilà bien une chose: approximativement, un demi-siècle d' une Histoire mondiale (douteusement) libérée, majeure et souveraine s'est écoulé, et dans le même temps, seul un brin de pays se sont rendus puissants, un soupçon de Peuples se sont faits intensément influents, et une miette d'Etats sont passés croissants ou au stade de civilisations déployées. A ce titre, il nous est, par conséquent, permis à volonté d' éprouver un doute éclatant sur la prétendue résultante naturelle des conjonctures, absolument libre, dégagée et exempte soi-disant de menées arithmographées, que nous savons formellement, résolument, délibérément conditionnées par le fameux Céphale ascendant.


10/03/2012
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L'imagination capitale, le 01/03/2012.

Nous maudissons cette acception inspirée des choses qui affirme que la condition naturelle de l'homme est de nécessité réelle moins grande que la condition culturelle, pour ne pas dire "civilisationnelle". Il n'est jamais été de misère, d'affliction plus éclatante dans la situation vivante de l'être humain d'aujourd'hui que celle qui a aidé en faveur de l'éloignement voulu et régenté de son instinct naturel. Bien entendu, nous ne concevons point ici le sens d'un instinct comme tendance barbare à laquelle nous serions fatalement subordonnés. Non ! En revanche, nous confessons, sous cette désignation, que l'activité spontanée du corps, la conduite involontairement volontaire de la conscience canalisent le fond essentiel de l'être, la nature la plus belle et la plus pure de la substance individuelle, dans la direction exclusive d' une quête dignement haute de bonheur. Si bien que l'humanité se pense et se saisit en terme de besoins intuitivement, intimement ressentis, plus qu'en terme de besoins extérieurement impulsés ou imaginés à devoir se ressentir comme tels. Mais, en l'espèce, cette vérité est de celles encore infortunes à révéler.


01/03/2012
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